Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde!

vendredi 1 décembre 2017

Addiction: la guerre contre la drogue a tout faux

Aux Philippines, la guerre contre la drogue (et les drogués) fait rage. Plusieurs milliers de dealers et de simples consommateurs ont été tués dans la rue par la police ou par des milices.
Dans sa grosse majorité, la population philippine soutient cette guerre et ferme les yeux sur les "dommages collatéraux" qui s'accumulent, faisant ainsi fi des nombreuses critiques internationales. Un moindre mal pensent-ils. Après tout, comme eux-mêmes ne se droguent pas, ils ne risquent rien.
Pour ceux qui se retrouvent en première ligne, la perception est toute autre.
Dans les bidonvilles, quasiment chaque famille a une victime à déplorer: un fils, un père, un frère, un oncle ou autre. La peur de la police règne, y compris pour celles et ceux qui n'ont rien à se reprocher, car il y a toujours le risque de perdre un proche, ou d'être soi-même victime d'une bavure.

Et pourtant...
La recherche scientifique a bouleversé nos connaissances sur l'addiction. Ces nouvelles connaissances ont une conséquence directe: cette guerre contre la drogue est perdue d'avance, car elle passe complètement à côté du sujet.

Voici ce que tout le monde devrait savoir sur l'addiction
(visionnez en plein écran pour lire les sous-titres confortablement, le bouton "plein écran" est en bas à droite dans la vidéo)





Conclusion: le contraire de l'addiction (liée à l'isolement et à la souffrance), ce sont les relations sociales
Et là, on ne parle pas de Twitter ou de Facebook, mais des VRAIES relations, avec des personnes physiques. Les médias sociaux ont plus tendance à diminuer le nombre d'interactions authentiques, et donc, de manière paradoxale, à augmenter l'isolement des individus, et donc le risque d'addiction! Il est intéressant d'ailleurs de noter que de plus en plus de créateurs de médias sociaux décident de ne plus utiliser leurs propres créations pour eux-mêmes et leur famille... S'ils le font, ce n'est pas sans raison.

2) La drogue, c'est quoi, en fait?
Jetons un coup d’œil au classement de dangerosité des drogues (danger pour l'entourage du drogué + danger pour la santé du drogué lui-même):

Toutes ces drogues sont connues pour être nocives, et à juste titre comme on peut le voir.
Mais il faut savoir que la majorité d'entre elles, à un moment ou à un autre, ont été utilisées à usage thérapeutique. Certaines le sont d'ailleurs encore.
Mais pour quel usage thérapeutique?

 Stimulants: cocaïne (et crack), méthamphétamine (nommé "shabu" au Philippines et principale cible de la guerre contre la drogue), amphétamine, caféine (café, thé, coca cola, red bull), nicotine (dans le tabac, stimulant léger mais pouvant avoir un effet relaxant).
Ils augmentent la vigilance et maintiennent en état d'éveil.

Dépresseurs: alcool, héroïne, opioïdes (morphine), opium,  substances volatiles (solvants que "sniffent" les enfants des rues aux Philippines)
Lorsqu’on se sent mal – stressé, effrayé, triste… – prendre un dépresseur nous aide à moins ressentir ces sentiments négatifs, à rendre tout plus simple, à apaiser nos angoisses. On a le sentiment de «relâcher la pression » quand on a des petits soucis ou qu’on vient de vivre un évènement difficile (une rupture amoureuse, un conflit, un deuil…).

Perturbateurs: cannabis, kétamine, champignons, LSD, Ecstasy
Les perturbateurs sont des drogues hallucinogènes, c'est-à-dire qui perturbent le fonctionnement des sens. Cela a comme effet de modifier la perception. Par exemple, tout devient bleu, ou vert..., les sons sont amplifiés ou déformés, le sens du toucher nous renvoie des sensations bizarres..,

Une personne bien dans sa peau, qui a une belle vie sociale, qui vit dans un merveilleux "rat park" pourra prendre ces drogues à l'occasion, pour un usage récréatif, sans pour autant devenir accroc.
Mais la personne qui utilisera une drogue pour alléger une souffrance continuera probablement à en prendre tant que la souffrance sera présente. C'est cette personne qui deviendra accroc, car elle aura continuellement besoin d'alléger sa souffrance. Ce sera, en quelque sorte, de l'auto-médication.
Pour ces personnes, drogue = anti-souffrance.


3) Donc, comment lutter contre la drogue?
Pour gagner la guerre contre l'anti-souffrance, il faut s'attaquer à la souffrance.
Pour gagner la guerre contre la drogue, il faut résoudre le problème de la personne.
Supprimer, interdire, pénaliser ce qui soulage la souffrance ne résout rien. Au contraire.
L'éducation du type "Dites non à la drogue" n'empêchera pas les gens de souffrir, et donc de se tourner vers ce qu'ils savent pourtant être toxique ou immoral.
Quant à penser que tuer ceux qui souffrent est la solution... 

On en revient ainsi à la guerre contre la drogue aux Philippines.
Lutter contre l'addiction à coups de fusils, ça ne servira à rien.
Cela empire même la situation: marquer les drogués du sceau de l'immoralité revient à les isoler encore plus et à accroître la souffrance, à la fois pour eux et pour leur entourage. Accroître le nombre de personnes qui souffrent, c'est accroître le nombre de personnes qui chercheront un moyen d'alléger cette souffrance, et donc accroître le nombre de futurs consommateurs. On arrivera donc à l'opposé de l'effet escompté.
De plus, c'est de l'argent public gaspillé qui devrait être alloué à la vraie solution: rompre l'isolement et la souffrance des personnes, en informant les familles sur le sujet et en développant l'aide sociale.

Une personne qui ne souffre plus est une personne qui n'a plus besoin de drogue!








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire