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lundi 11 novembre 2019

Relocalisation

Le terme anglais "relocation" (relocalisation) signifie ici le déplacement organisé par le gouvernement des pauvres des bidonvilles vers de nouvelles zones d'habitation créées pour eux, le plus souvent dans des zones péri-urbaines.
C'est un phénomène en développement dans les pays en développement.
(Haha! Vous ne l'avez pas vu venir, ce développement!)

De plus en plus de bidonvilles sont détruits (parfois de gré, parfois de force).
Ce fut de gré pour le bidonville de mes anciens élèves, à Payatas:

Avant cette destruction (pour en faire un parking), les occupants se sont vu proposer par une agence gouvernementale (la NHA)  de devenir propriétaires d'une maisonnette dans un site de relocalisation.
Ces sites peuvent être plus ou moins proches suivant les situations.
Chaque famille se voit offrir le choix entre soit accepter l'offre de relocalisation, soit empocher la somme de 10 000 pesos (180€) pour solde de tout compte.


Certains sites sont sur le territoire de la même agglomération. Ainsi, à Quezon City, ce sont les nombreuses  "Bistekvilles", nommés à partir de "Bistek", surnom du maire de Quezon City de l'époque (de 2010 à 2019):


Chaque famille y paie des mensualités (en moyenne 1800php = 30€/mois) et deviendra propriétaire au bout d'une trentaine d'années.

Mais ces montants sont bien au-delà des moyens des familles les plus pauvres, dont mes amis et mes élèves font partie.
D'autres sites de relocalisation sont créés pour ces familles, en dehors de Metro Manila, où le prix du terrain est nettement plus bas.
Dans leur cas, le site de relocalisation se situe 10 km au-delà de Payatas, en dehors de Metro Manila (alors que Payatas se situe encore dans Metro Manila). Il s'agit de Southville 8:



Voici la carte des Southvilles actuels (de Southville 1 à  Southville 8):


On remarquera que, contrairement à son nom, notre Southville 8 n'est pas au Sud.
C'est simplement parce que les zones au sud de Metro Manila arrivent à saturation: trop de familles pauvres aux mêmes endroits et pas assez de perspectives économiques.
Du coup, d'une part, les communautés locales se plaignent et d'autre part, de nombreuses familles bénéficiaires abandonnent les maisons, remontent sur Metro Manila pour reprendre un emploi...
Et retourner vivre en bidonville...

Les sites de relocalisation sont très nombreux et ne se limitent pas à ces  "Bistekvilles " et à ces "Southvilles".
C'est un processus qui ne fera que s'amplifier dans les années à venir et dont les enjeux sont bien plus considérables que ce qu'on pourrait penser de prime abord.

Mais pour l'heure, revenons à notre situation, où le gouvernement a plutôt bien fait les choses, avec une visite préalable du site et un car affrété par la municipalité de Quezon City:



La communication avec les familles fut également satisfaisante, avec des réunions d'information régulières.
Il est important de dénoncer quand ça se passe mal (le "poor-bashing" n'est pas rare aux Philippines), et DONC, il est aussi important de signaler quand ça se passe BIEN!
Ici, il y a eu un réel effort pour accompagner les familles.
Et, pour l'instant, pas d'entourloupes flagrantes à signaler...

Voici l'intérieur d'une maison:


Les familles n'ont pas de loyer à payer pendant la première année, ce qui est bienvenu car beaucoup ont besoin de retrouver un emploi suite à l'éloignement de leur lieu de travail précédent.
La seconde année, le loyer mensuel sera de 800php (14€), et ce pendant 30 ans.
Le coût de la maison sera donc grosso modo de 300 000php (5000€).
Chaque maison a l'électricité (avec compteur électrique individuel), des toilettes et l'eau courante.


En ce qui concerne ce site, il semble que les engagements de l'Etat ont été tenus, même si, dernièrement, les coupures de courant ont été assez fréquentes et perturbent le développement de l'activité économique... ainsi que mes séances de ciné!



D'autres sites proches n'ont pas eu la même fortune que ce site-ci.
Je reviendrai là-dessus dans un article ultérieur sur les PROs et les CONs de la relocalisation.

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