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jeudi 1 juin 2017

Les difficultés du système éducatif aux Philippines

Le système éducatif est en crise aux Philippines, malgré la grande réforme graduellement mise en place depuis 2011, appelée réforme K-12.

Cette réforme rajoute deux ans au cursus habituel, de Kindergarten (≈Grande section) à Grade 12 (≈Terminale) (d’où son nom K-12). 

L’objectif est qu’à la fin de ce cursus, les jeunes philippins soient bien formés et puissent trouver tout de suite une place sur le marché du travail.

Concernant  les petites classes, l’accent est désormais mis sur le Pilipino (langue nationale) et sur la langue maternelle (dépendamment de l’endroit où l’enfant est scolarisé, par example Bisaya à Cebu, Tagalog à Manille), et ce au détriment de l’anglais.

Avant la réforme, par exemple, les Mathématiques et les Sciences étaient enseignées en Anglais. 

Les enfants apprenaient à compter en Anglais : « one, two, three… ». 
Désormais, ils apprennent à compter en Pilipino : « isa, dalawa, tatlo,… ». 

Mais les Philippines se donnent-elles les moyens de rendre cette réforme efficace ?

Accueillie favorablement à ses débuts, la réforme est désormais de plus en plus critiquée. Car plus qu’une réforme des programmes, le système scolaire philippin a besoin de moyens et avant tout d'infrastructures.

Les politiques eux-mêmes avouent qu’il manque des classes, alors que le nombre d’élèves scolarisés ne cesse d’augmenter, due à la démographie galopante : déjà 27000 classes manquantes en 2006, 50000 en 2015 !

Depuis quelques années, à cause du manque de locaux pour enseigner, de plus en plus d’écoles sont obligées de partager les élèves sur 2 demi-journées pour utiliser un même local: une moitié des élèves vient en cours le matin de 6h à 12h, et l’autre moitié de 12h à 18h.

Il est fréquent de voir des cours de Maths ou autre dans les couloirs, les escaliers ou sur la cour.

Des élèves de collège sont inscrits de force en « Open High School » (« Collège ouvert »). Comme il n’y a pas de place (physique) pour eux dans l’école dans laquelle ils sont inscrits, ils ne vont en cours qu’un jour par semaine.
Pendant ce jour de cours, on leur donne une liste de choses à travailler par eux-mêmes d’ici la semaine suivante. Cela nous arrive pour la première fois en 2015 sur une école de Makati. La situation ne va donc pas en s’améliorant…

Pour en savoir plus, voici des extraits d’un article du Courrier International reprenant un article de Seth Mydans du 7 septembre 2009 pour le New York Times :


Le coût de l'éducation

Selon des statistiques de la Banque mondiale, les Philippines dépensent 138 dollars par élève et par an.

En comparaison, ce chiffre s'élève à 853 dollars pour la Thaïlande,  1 800 dollars pour Singapour et 5 000 dollars pour le Japon.

Bien que l'enseignement soit considéré comme une priorité, le gouvernement philippin n'y consacre que 2,19 % de son budget, un pourcentage bien inférieur aux 6 % réclamés par les enseignants.

Cette année, le nombre d'inscriptions dans le primaire et le secondaire a atteint 21 millions, soit pratiquement 1 million de plus que l'an dernier.



Quand Irene Mendevil, qui enseigne l'anglais dans un lycée de Manille, criait contre ses élèves,  elle avait mal à la gorge. Aussi a-t-elle décidé d'utiliser un mégaphone.

"Je perdais complètement  la voix, explique-t-elle. Aucun son ne sortait de ma bouche. Pour dire à mes élèves ce qu'ils  devaient faire, il me fallait l'écrire sur une feuille de papier."

Si cette enseignante de 33 ans est obligée de crier, c'est parce qu'elle a tellement d'élèves qu'elle a  un mal fou à se faire entendre.

Sa classe en compte une centaine, à peu près le même nombre que les autres classes du lycée Justice Cecilia Muñoz-Palma.

Et cet établissement n'a rien d'exceptionnel aux Philippines, un pays en pleine explosion démographique, où l'on recense 92 millions d'habitants et dont le budget de l'enseignement est si modeste qu'il n'y a pas assez de salles pour accueillir les élèves.

Avec la crise économique, les établissements publics attirent en outre davantage d'enfants, car les familles n'ont pas les moyens de les envoyer dans les écoles privées, où les classes sont moins chargées.

(photo d'illustration)


"Dans ma classe, j'ai 106 élèves pour 90 chaises", indique Rico Encinares, un professeur de chimie de 34 ans. 

"Quand tous les élèves sont présents, ils doivent partager les chaises." 
Selon cet enseignant, 10 % seulement des élèves - ceux qui sont vraiment motivés - profitent vraiment de son enseignement, car il est quasiment impossible d'être attentif à chacun d'entre eux. 
"Même à la fin de l'année scolaire, je ne connais pas les noms de tous mes élèves, dit-il. On ne retient que ceux des meilleurs et des plus bruyants. Pas ceux des silencieux, qui ne font qu'écouter."

Au début de la décennie, il a été question de procéder à une refonte radicale du système de l'enseignement, mais, comme l'a récemment écrit Juan Miguel Luz, le seul changement que l'on ait relevé depuis lors est une aggravation de la surcharge. 

"Malheureusement, nous avons aujourd'hui des classes aussi surchargées, les mêmes procédures et des niveaux d'enseignement toujours aussi bas, mais avec des millions d'élèves en plus", déplore-t-il. (...)

 
Au lycée Muñoz-Palma, des élèves récupèrent les bouteilles en plastique pour aider l'établissement à payer ses coûts d'équipement. Non loin de là, à l'école élémentaire Payatas, Edmon Miguel Jr. paie de sa poche pour améliorer ses conditions de travail. 

"Avec mes collègues, nous attendons seulement le paiement de notre salaire", explique cet instituteur de 24 ans, qui gagne 9 000 pesos [130 euros] par mois. 
"Nous allons nous faire une belle salle de classe."

Il enseigne actuellement dans un étroit corridor surmonté d'un minuscule toit et dépourvu de fenêtres, où s'entassent 62 enfants de 8 à 12 ans et qui est inondé pendant la mousson. "Quand il pleut, je dois faire cours avec les pieds dans l'eau, raconte l'instituteur. Quand les cahiers tombent par terre, ils sont fichus." 

Comme il enseigne dans un quartier pauvre, il lui arrive d'acheter des cahiers pour ses élèves. 
"Pour chaque interrogation écrite, je leur offre une feuille de papier."


Autre illustration dans une High School de Bulacan qui se fait envahir par la marée toutes les deux semaines:



 Retrouvez l’article complet du Courrier International ici :



http://www.courrierinternational.com/article/2009/09/07/des-ecoles-qui-laissent-sans-voix

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