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mercredi 7 avril 2021

Le dénigrement des pauvres

 

La pauvreté, nous sommes capables de la voir. 

Mais sommes-nous capables de la comprendre ?

La plupart d’entre nous définissons la pauvreté par la souffrance physique et le manque de ressources matérielles.

Les pauvres, eux, la définissent différemment. Ils définissent avant tout leur condition par des difficultés psychologiques et émotionnelles.

Pour décrire leurs conditions de vie, les pauvres utilisent avant tout des mots tels que:

 - honte 

- infériorité 

- impuissance

- humiliation

- peur

- désespoir

- dépression

- isolement social 

- sentiment de ne pas compter                                                                                                                                                                                         (source: Banque mondiale, 1990)


En voici une bonne illustration:

 


La prochaine fois que nous verrons une fillette toute sale dans les parages, surveillons donc nos réactions au moins autant que notre sac. 

Mais tiens, justement: de qui devrions-nous protéger notre sac? Des pauvres ou bien des riches?

Réponse: Des riches!

Sept études révèlent ainsi que les individus de la classe supérieure se comportent de manière plus contraire à l'éthique que les individus de la classe inférieure. 

Les riches sont ainsi plus susceptibles:

- d'enfreindre la loi en conduisant (études 1 et 2)

-  de prendre des décisions contraires à l'éthique (étude 3), 

- de voler des biens précieux aux autres (étude 4), 

- de mentir dans une négociation (étude 5), 

- de tricher pour augmenter leurs chances de gagner un prix (étude 6) 

- d'approuver un comportement contraire à l'éthique au travail (étude 7)

Ces tendances contraires à l’éthique des individus de la classe supérieure s’expliqueraient, en partie, par leurs attitudes plus favorables à l’égard de la cupidité.

https://www.pnas.org/content/109/11/4086


Mais revenons aux ressentis des pauvres sur leur propre situation. 

En plus de trouver leur explication dans les représentations négatives ainsi renvoyées par la société, ces ressentis en ont aujourd’hui trouvé une autre grâce à la recherche scientifique.

Ainsi, lorsqu'une personne vit dans la pauvreté,  une partie du cerveau (le système limbique) envoie constamment des messages de peur et de stress au cortex préfrontal, ce qui surcharge la capacité du cerveau à résoudre des problèmes, à se fixer des objectifs et à effectuer des tâches de la manière la plus efficace possible.

 https://www.theatlantic.com/education/archive/2017/04/can-brain-science-pull-families-out-of-poverty/523479/

D'où un comportement qui devient de plus en plus atone, apathique. 

Ainsi, même si certains pauvres aspirent encore à une vie meilleure, nombres d'entre eux sombrent toujours un peu plus dans le fatalisme, et il devient chaque jour plus ardu de remonter la pente.

 

Pourquoi les pauvres n’économisent-ils  pas plus?

Les pauvres restent pauvres parce qu'ils n'épargnent pas assez.

Quand il y a de l'argent à la maison, il se passe toujours quelque chose et l'argent disparaît. Ils ne doivent pas seulement protéger leur argent des autres, mais aussi le protéger d'eux-mêmes.

La grosse majorité des entreprises dirigées par les pauvres ne sont généralement pas rentables. Cela explique pourquoi leur octroyer un prêt pour démarrer une nouvelle entreprise ne conduit que rarement  à une amélioration radicale de leur bien-être.

Les pauvres sont énergiques et débrouillards, mais l'essentiel de cette énergie est consacré à des entreprises trop petites et totalement indifférenciées des nombreuses autres qui les entourent.

Pour autant, ils rêvent de «bons emplois», avec un revenu stable et prévisible, comme enseignant ou autre emploi gouvernemental.


Les pauvres ont-ils assez à manger?

Les pauvres ne semblent pas vouloir manger beaucoup plus, même quand ils le peuvent.

Les pauvres choisissent leur nourriture non pas principalement pour leurs valeurs nutritionnelles, mais pour la qualité de leur goût.

Lorsque vous êtes pauvre, vous ne voulez pas manger d’aliments sains mais insipides, vous voulez manger quelque chose de savoureux. Il y a toujours quelque chose d'agréable et de bon marché pour vous tenter.

Si les Sud-Asiatiques sont petits, c'est probablement parce qu'eux et leurs parents ne se sont pas nourris autant que leurs homologues d'autres pays. Mais le principal problème n’est pas les calories, mais les autres nutriments.

Les ménages pourraient facilement obtenir beaucoup plus de calories et d’autres nutriments en dépensant moins en céréales coûteuses (comme le riz et le blé), en sucre et en aliments transformés, et davantage en légumes à feuilles et en céréales secondaires.  

Leur donner des céréales subventionnées n’est pas une solution car leur donner plus ne les persuade guère de mieux manger. 

Les pauvres résistent souvent aux plans merveilleux que nous imaginons pour eux parce qu'ils ne partagent pas notre conviction que ces plans fonctionnent, ou fonctionnent aussi bien que nous le prétendons.

Une autre explication de leurs habitudes alimentaires est que d'autres paramètres sont plus importants à leurs yeux que la nourriture.


Une question de priorités:

Considérons l'un des arguments les plus courants dans le "poor bashing" (dénigrement des pauvres):

"Ils sont soi-disant pauvres, mais ils trouvent pourtant les moyens de s'acheter une grande télé ou le dernier smartphone à la mode!"

Force est de constater que c'est parfois vrai. Mais l'un n'empêche pas l'autre. 

Et même si cela peut paraitre paradoxal de prime abord, c'est même plutôt l'un qui implique l'autre.

La vie quotidienne des pauvres est oppressante. Les épreuves et les privations sont nombreuses. Dans ce contexte, les choses qui rendent la vie moins oppressante deviennent une priorité: smartphone, télévision, internet et réseaux sociaux, festivals, fêtes.

Ces moyens de distraction permettent de s’évader, de souffler un peu, de donner le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue. En clair, ils permettent aux pauvres de préserver leur santé mentale. Quitte à s'endetter.

«La télévision est plus importante que la nourriture » , peut-on ainsi entendre, car elle permet d’oublier temporairement non seulement l’ennui mais aussi la faim, les problèmes de santé, les problèmes financiers, la violence...

A défaut, malheureusement, certains se tournent vers d'autres alternatives telles que les drogues, légales (tabac, alcool) ou illégales.

Ainsi, au niveau mondial, entre 25% et 90% des enfants des rues consomment de la drogue. Le pourcentage varie suivant l’endroit où ils vivent, leur genre et leur âge (Source  dossier de l’O.M.S., Working With Street Children).

Aux Philippines plus précisément, l’usage de drogue parmi les enfants de la rue était estimé entre 60% et 100% (Postupniy et al., 2002). Sur environ 1,5 million d’enfants des rues dans le pays, on pense que la moitié d'entre eux ont à un moment ou un autre sniffé du  «rugby» ou d'autres solvants (Bordadora, 2003).

 

D’autres pauvres sont prêts à prendre d’autres risques.

Une étude de l’Université des Philippines a trouvé que 3000 personnes du bidonville de Baseco  (sur un total de 50 000 habitants) avaient vendu un de leurs reins.

Ainsi, Norberto Papa fut parmi les premiers résidents à vendre l’un de ses deux reins pour 70 000 pesos (1250€).



https://www.philstar.com/metro/2001/09/19/134167/barangay-baseco-lost-city-stilts-and-half-

« J’ai pu m’acheter du bois pour construire ma maison, une télévision, un lecteur de vidéos et un karaoké. C’est beaucoup d’argent », dit-il.

Mais ce n’est que la moitié de l’histoire.

Plus tard, la maison fut rasée par un typhon. Quant aux appareils?

« J’ai fini par les vendre un par un. Les docteurs m’avaient dit de me reposer un peu après l’opération mais même après pas mal de temps, quand j’ai essayé de reprendre un travail, j’étais toujours rejeté parce que j’échouais au test médical, à cause du fait que je n’avais plus qu’un seul rein. Je n’ai pas pu retrouver un bon travail. J’ai finalement perdu tout l’argent que j’avais reçu, » dit-il.

Il se sent souvent faible.  Et encore, il est parmi les chanceux qui sont encore en vie. D’autres n’ont pas eu sa chance.


 Pourquoi les pauvres ont-ils des familles nombreuses?

Voici un autre lieu commun pour dénigrer des pauvres:

"Pourquoi font-ils autant de gosses puisqu'ils n'ont même pas les moyens de subvenir à leurs besoins?"

Là encore, ce qui peut sembler à première vue irréfléchi et irrationnel s'avère en fait tout à fait logique et rationnel.

 Comme les pauvres n’ont pas accès au système de protection sociale, le meilleur moyen de se protéger lors de sa vieillesse est d’avoir beaucoup d’enfants.

Pour de nombreux parents, les enfants constituent leur avenir économique: ils sont à la fois une police d'assurance, un produit d'épargne et des tickets de loterie, le tout dans un format pratique.

D’un autre côté, les grossesses non désirées restent nombreuses à cause du manque d’éducation sexuelle et de l’interdiction de l’avortement. Ces difficultés sont bien moins dramatiques chez les Philippins plus aisés car leur accès à l’information leur permet de trouver des parades.


Pourquoi les écoles échouent?

Bien souvent, les pauvres ne voient pas d’intérêt à investir dans l'éducation car ils pensent qu'ils ne pourront pas continuer à investir, notamment en cas de difficultés financières.

L’éducation des enfants coûte cher. Même quand l’école est soi-disant gratuite, les frais à engager sont loin d’être négligeables dans un budget familial restreint.

 

Aux Philippines, le "baon" est une pratique que l’on trouve partout. C’est l’argent de poche donné par les parents aux enfants quand ils vont à l’école, principalement pour acheter à manger.

Parfois, je constate que certains enfants du site de relocalisation sèchent les cours. Quand je demande pourquoi, la raison la plus fréquente donnée à la fois par les enfants et leurs parents est : « Walang baon… » (« Pas de baon… »). Ce baon a une influence non négligeable sur la motivation des enfants pour aller à l’école. Etant donné l’état de délabrement du système éducatif, cela peut se comprendre. J’ai fait ma petite enquête pour quantifier cette « détresse » financière qui amène les enfants à ne plus aller à l’école.

Dans le site de relocalisation, où se trouvent les familles les plus pauvres, la moyenne est de 30 centimes d’euro par enfant et par jour (16.57php). (35 enfants interrogés, niveau école élémentaire)

Les faits me montrent que cette somme  (6€/ mois, 84€/an) est suffisante pour voir un enfant se déscolariser.

Dans le quartier populaire dans lequel j’habite, qui comprend également certaines familles pauvres,  la moyenne est de 55 centimes d’euro par enfant et par jour (30.71php), soit presque le double. (28 enfants interrogés, niveau école élémentaire)

Dans les deux sites, on trouve également des enfants qui ne sont même pas inscrits à l’école.

Bien sûr, pour ces familles, les raisons peuvent être autres. Mais pour les familles que je connais et suis depuis plusieurs années, le baon semble être déterminant.

 

L’investissement sur le long terme que constitue l’éducation des enfants  est bien trop hasardeux compte tenu de la précarité dans laquelle ils se trouvent au quotidien.

Certains chiffres ont de quoi nourrir leurs craintes :

91% des enfants en âge d'aller à l'école primaire dans les pays à faibles revenus n'atteindront pas le niveau minimum de maîtrise de la lecture et le taux est de 87% en mathématiques, contre 5% et 8% respectivement dans les pays à revenus élevés.

Pourtant, plus des deux tiers de ces enfants qui n'apprennent pas sont à l'école.

http://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/fs46-more-than-half-children-not-learning-en-2017.pdf

  Malgré tout, il faut faire en sorte que les parents aient la possibilité d'envoyer leurs enfants à l'école sur le plan financier.

 

Poverty trap :

Un "piège de la pauvreté" est un mécanisme qui empêche très difficilement les gens d'échapper à la pauvreté. Il est créé lorsqu'un système économique nécessite un capital important pour gagner suffisamment d'argent pour sortir de la pauvreté.

Les obstacles sont pléthores:

- Pas d'accès aux banques

- Pas d'accès aux assurances

- Accès limité au crédit ou à des tarifs extrêmement défavorables

- Pas d'accès aux informations utiles

- Discrimination de la part des gouvernants

- Système éducatif médiocre

- Manque de papiers administratifs et de justificatifs (identité, domicile,...)

- Environnement propice aux maladies

- Peu d'accès aux soins

- Infrastructures insuffisantes (pas de réseau téléphonique, pas d'internet, ...)


Synthèse:

- Les pauvres manquent souvent d'informations critiques et croient en des choses fausses.

- Le reste de la société peine à se représenter ce que signifie réellement vivre dans la pauvreté.

- Plus vous êtes riche, plus les «bonnes» décisions sont déjà prises pour vous: eau courante, aliments enrichis, épargne, plan de retraite, sécurité sociale. 

 - Les pauvres sont exclus de certains systèmes ou ils y sont confrontés à des prix défavorables: taux de prêt élevés, assurance maladie, banques.

- Les choses ne fonctionnent souvent pas dans les pays pauvres à cause des trois points suivants: ignorance, idéologie et inertie. Les politiques de résorption de la pauvreté sont souvent à côté de la plaque et donc inefficaces.

- Les attentes concernant ce que les gens peuvent ou ne peuvent pas faire se transforment souvent en prophéties auto-réalisatrices.


Conclusion:

Si nous restons des spectateurs, si bien intentionnés soyons-nous, si nous ne faisons pas l’effort de franchir la barrière et d’appréhender la réalité de ce que représente réellement vivre dans la pauvreté, nous prenons le grand risque de ne rester que des donneurs de leçon, des “t’as qu’à – y a qu’à ». 

Nous prenons également le risque de gaspiller des sommes et des ressources considérables dans des politiques d’aide totalement inefficaces.

Pire, nous prenons le risque de participer à ce dénigrement des pauvres ("poor bashing") qui se rencontre fréquemment dans notre société, et donc tout logiquement dans les discours politiques populistes et opportunistes.

Résoudre le problème de la pauvreté commence avant tout par casser nos préjugés.

Ces préjugés sont insidieusement enracinés en nous. 

Cela demande pas mal de travail sur soi et de discipline pour s'en débarrasser. 

Je sais de quoi je parle, puisque je suis passé par là. 

Et je n'oserais même pas prétendre que j'en suis venu totalement à bout. 

Mais c'est un point de départ pour rendre ce monde plus juste.

"Vaincre la pauvreté, ce n'est pas un geste de charité, mais un acte de justice."

                                                                                             (Nelson Mandela)



mardi 12 novembre 2019

L'étude ACE: des traumatismes de l'enfance à la mort prématurée


L'étude ACE, c'est quoi?

L’étude ACE de Vincent Felitti et al (1998) porte sur  les effets des traumatismes dans l’enfance sur la santé à l’âge adulte.

ACE est l’acronyme en anglais de « Adverse Childhood Experiences » qui peut se traduire par « les expériences négatives de l’enfance ».

Cette étude a trouvé une forte corrélation entre les traumatismes dans l’enfance et les causes des décès une fois adulte.

Le score ACE est utilisé pour évaluer le stress total durant l’enfance.

Il y a 10 types de ACE dans l'enquête. Le score ACE va donc de 0 à 10.

Voici les 10 ACE et à quel point ils sont fréquents:



Parmi les 17 000 personnes interrogées pour l'enquête, quasiment deux tiers des adultes avaient  expérimenté au moins une des expériences négatives de l'enfance: 




Plus le score ACE est élevé, plus la personne a de risques de faire face dans l'avenir aux problèmes sociaux et de santé suivants : 

- Alcoolisme et abus d’alcool
- Maladie pulmonaire obstructive chronique-MPOC 
- Dépression
- Mort fœtale
- Santé et qualité de vie médiocres
- Usage de drogues
- Cardiopathie ischémique
- Maladies du foie
- Risque de violence entre partenaires
- Partenaires sexuels multiples
- Maladies sexuellement transmises-MST
- Tabagisme
- Tentatives de suicide
- Grossesses non-intentionnelles
- Initiation précoce aux cigarettes
- Initiation précoce aux activités sexuelles
- Grossesses chez les adolescentes.



Plus le score ACE est grand, plus les risques sont élevés.



Si vous souhaitez connaître votre score ACE, voici le questionnaire:





Des découvertes étonnantes: 

Felitti et Anda se demandaient si la cause de cette forte corrélation était que les personnes traumatisées dans leur enfance étaient plus susceptibles de fumer, de boire et de trop manger comme une sorte de stratégie d’auto-adaptation pour gérer l’anxiété chronique - ce qui expliquerait leur plus mauvais état de santé.

Mais là, premier choc : si ces mécanismes  de compensation malsains  étaient courants, ils ne pouvaient pas être la raison principale.

Par exemple, les personnes avec un score ACE de 7 ou plus qui ne buvaient pas, ne fumaient pas, n’avaient pas un excès de poids, n'étaient pas diabétiques et n’avaient pas un taux de cholestérol élevé, avaient toujours un risque de maladie cardiaque plus élevé de 360% par rapport à celles ayant un score ACE de 0.

D’autre part, on pouvait penser que la diminution de l’espérance de vie avait un lien direct avec la pauvreté.
En effet, statistiquement, la frange la plus pauvre de la population a bien une espérance de vie plus faible que le reste de la population.
Il est donc possible de penser que vivre dans la pauvreté est le problème qui a pour conséquence de raccourcir l’espérance de vie.

Mais là, second choc.
L’étude ACE ne portait pas sur les pauvres, mais uniquement sur la classe moyenne.

Les gens de la classe moyenne qui ont un score ACE élevé (6 ou plus) ont une espérance de vie raccourcie de 20 ans par rapport à ceux qui ont un score ACE de 0:


Ce n’est donc pas le fait d’être pauvre qui raccourcit l’espérance de vie.

De nombreuses équipes scientifiques ont par la suite poursuivi les recherches et l’ont confirmé: ce sont bien les traumatismes de son enfance qui raccourcissent drastiquement l’espérance de vie d’un adulte.


Aujourd’hui, la compréhension  des expériences négatives de l'enfance révolutionne notre perception de nous-mêmes, notre compréhension de la façon dont nous sommes devenus ce que nous sommes, et comment nous pouvons mieux prendre soin de nos enfants.


Ce n’est pas tant votre mode de vie qui vous tue, c’est votre stress:

Le stress causé par les traumatismes émotionnels ou physiques que les adultes ont vécus dans leur enfance les rend malades des décennies plus tard, même s'ils ont de bonnes habitudes de vie.

L’adversité à laquelle un enfant est confronté n’a pas besoin d’être sévère pour créer de profonds changements biophysiques menant à des problèmes de santé chroniques à l’âge adulte.

Ainsi, les dix types d'adversité examinés dans l’étude présentaient des dégâts presque égaux.

Même si certains types d’adversité, tels que les abus sexuels, sont moralement perçus par la société comme pires, l’humiliation récurrente de la part d’un parent, par exemple, a un impact encore plus préjudiciable.

L’exposition à des formes très courantes de dysfonctionnement familial, telles que le manque d’affection familiale ou de discorde parentale, entraîne des diminutions de la taille et du volume du cerveau.


Le stress toxique chez l’enfant modifie son cerveau.


Les mécanismes du stress:

Disons que vous êtes au lit et que tout le monde à la maison est endormi. 
Il est une heure du matin. 
Vous entendez un craquement dans l'escalier. 
Puis un autre craquement. 
Maintenant, il semble que quelqu'un se trouve dans le couloir. 
Vous ressentez une soudaine sensation de vigilance, avant même que votre esprit conscient ne pèse les possibilités de ce qui pourrait se passer. 

Une petite région de votre cerveau appelée hypothalamus libère des hormones qui stimulent deux petites glandes - l'hypophyse et les glandes surrénales - pour qu'elles envoient à leur tour des produits chimiques dans tout votre corps. 

L’adrénaline et le cortisol amènent les cellules immunitaires à sécréter de puissantes molécules messagères qui stimulent la réponse immunitaire de votre corps. 

Votre pouls palpite sous votre peau pendant que vous êtes allongé(e), à l’écoute. Les poils à la surface de vos bras se lèvent. Vos muscles se resserrent. Votre corps a reçu la mission de prendre des mesures pour se protéger. 

Vous êtes en alerte.

Ensuite, vous reconnaissez ces pas comme étant ceux de votre frère qui monte les marches après avoir terminé son bol de céréales de minuit. Votre corps se détend. Vos muscles se relâchent. Les poils de vos bras s'aplatissent. L’activité de votre hypothalamus, ainsi que de votre hypophyse et de vos glandes surrénales - «axe de stress HPA» - diminue. 

Ouf, vous vous relâchez.

Lorsque vous réagissez bien au stress, vous réagissez rapidement et de manière appropriée.


Le stress permanent est toxique:

Les hormones du stress jouent un rôle dans notre fonction immunitaire.

Quand le stress est permanent, le corps produit également des hormones du stress en permanence, ce qui conduit à une inflammation non régulée. Et l'inflammation se traduit par des symptômes et des maladies.

Et cela explique pourquoi il y a un lien aussi important entre un état de stress permanent et un nombre de maladies nettement plus élevé.

Le stress est une réaction normale et importante pour le corps en cas de danger. Mais cette réaction n’a jamais été destinée à durer. 

Le stress permanent, lui, est toxique pour le corps.

La réponse au stress fait alors plus de dégâts que le facteur de stress lui-même.


Le stress est plus dommageable pour un enfant:

Bien sûr, le stress émotionnel dans notre vie adulte nous affecte.
Mais lorsque des enfants ou des adolescents se heurtent à des facteurs de stress émotionnels, les effets sont encore plus importants.

Ces facteurs de stress potentiels comprennent notamment:
- le dénigrement
- la négligence émotionnelle
- le divorce des parents
- le décès d’un parent
- les sautes d’humeur d’un parent dépressif ou dépendant
- les abus sexuels
- les traumatismes médicaux
- la perte d’un frère ou d’une sœur
- la violence physique ou communautaire.

Dans chacune de ces situations, il peut arriver que le cerveau reprogramme durablement sa réponse au stress.

Chez les enfants jeunes et en croissance, le processus de réaction du corps face au stress n’est pas encore arrivé à maturation.

Lorsqu'un cerveau d’enfant est constamment poussé dans un état d'hyperexcitation ou d'anxiété à cause de ce qui se passe, dans la famille, à l'école ou dans la communauté, le corps est régulièrement inondé de substances neurochimiques du stress inflammatoire.

Cela peut entraîner des modifications physiologiques profondes conduisant à une inflammation et à une maladie persistantes.


L'imprévisibilité, un facteur déterminant: 

Les adultes ayant eu des expériences défavorables dans leur enfance sont dans un état d'alerte permanente. 
C’est un fonctionnement que leur cerveau a acquis dans l’enfance, alors qu'il leur était impossible de prévoir la prochaine situation de stress.

Le cerveau réagit de la même manière aux différents types et degrés de traumatismes, car tous ont un dénominateur commun très simple: ils sont tous imprévisibles.

L’enfant ne peut pas prédire exactement quand, pourquoi ou d’où viendra le prochain choc émotionnel ou physique.

Ce n’est pas l’intensité d’un événement traumatisant qui importe. Le cerveau d’un enfant est capable de tolérer des événements extrêmement stressants s’ils sont prévisibles et temporaires, comme par exemple le deuil d’un grand-parent.

Ce n’est pas tant la fréquence des événements traumatisants qui importe. 
Si le cerveau a la possibilité de savoir à l’avance, il a la capacité de se préparer et de faire face et de retourner ensuite en mode normal une fois le danger passé. 
A contrario, même si ces événements n’arrivent que très rarement, s’ils sont perçus par l’enfant comme étant imprévisibles, le cerveau de l’enfant restera constamment sur ses gardes.

II reste en état de stress permanent, et cela devient son fonctionnement habituel.



L’importance de la présence d’un adulte fiable:

Les enfants qui sont plus résilients après avoir été confrontés tôt à l'adversité avaient souvent un adulte important et fiable vers qui se tourner dans leur jeunesse; un adulte qui est intervenu et les a aidés à comprendre que ce qui se passait ne les concernait pas et n’était pas de leur faute.

La présence ou l’absence d’un soutien adéquat peut avoir un impact important sur le fait que les facteurs de stress deviennent tolérables ou toxiques.

Le stress est tolérable lorsque des difficultés, même aussi graves que la perte d'un être cher ou une catastrophe naturelle, sont temporaires et sont atténuées par des relations avec des adultes qui aident l’enfant à comprendre et à s'adapter.

Avec quelqu'un sur qui s'appuyer et avec de l’amour, le cerveau de l’enfant peut se remettre de ce qui pourrait autrement être dommageable.


Petit coup de gueule au passage:
Services sociaux de l'enfance, si vous me lisez, veuillez prendre note, vous qui préconisez aux familles d'accueil de "s'attacher à l'enfant mais sans donner d'amour", et qui accusez de "faute grave" celles dont les enfants placés deviennent "trop attachés à leur famille d'accueil qui leur procure trop d'amour"
Si le bon sens ne vous suffit pas, la recherche scientifique est désormais à votre disposition.




Le stress, un instrument de survie, pas de réussite: 

Peu importe le facteur de stress, qu’il s’agisse de pauvreté, de maltraitance à la maison, de harcèlement ou des résultats scolaires, le stress a une incidence sur la structure et l’architecture du cerveau.

Le stress n’est pas l’ingrédient de la réussite.

C’est une recette pour briser le cerveau.

 A la lumière des découvertes récentes, il est d'autant plus essentiel d'identifier et de remédier autant que possible aux causes de stress pour les enfants, que ce soit dans le cadre familial ou scolaire.
A défaut de ne pas pouvoir influer sur les causes, il est toujours possible d'en limiter les effets, en enseignant dès l'enfance les techniques appropriées de santé mentale et de gestion du stress.


Quelles sont ces solutions?

Le cerveau est malléable. Il est possible de le reprogrammer. 

Tout comme les blessures physiques et les contusions guérissent, tout comme nous pouvons retrouver notre tonus musculaire, nous pouvons recouvrer un fonctionnement normal dans des zones cérébrales sous-développées.

Aujourd'hui, les scientifiques reconnaissent un éventail d'approches prometteuses pour réinitialiser notre réponse au stress afin de réduire l'inflammation, et donc les risques de maladies et de mort prématurée.

1) La meilleure solution pour réparer le cerveau est la méditation. 


J'y reviendrai dans un article ultérieur.

D'autres solutions efficaces sont: 

2)  Remplir le questionnaire ACE
Identifier et s'exprimer sur les épreuves traversées dans l'enfance aident à  avancer.

3) Remplir le questionnaire de résilience.



Comme dans le cas de l’enquête ACE, l’enquête sur la résilience donne un aperçu de votre histoire personnelle, en mettant en lumière vos points forts. Les aspects positifs de vos expériences d’enfance sont une partie essentielle de votre histoire.

Il est important de calculer notre score de résilience tout autant que notre score ACE afin de comprendre ce qui nous a aidés à résister à l'adversité. Cela nous permet didentifier et dintégrer davantage de facteurs de résilience dans notre vie adulte. 


4) Yoga, Tai  Chi et Qigong:




Poualler plus loin:
Si vous voulez en découvrir plus sur le sujet, lisez "Childhood disrupted" de Donna Jackson Nakazawa. (in English only)








lundi 11 novembre 2019

Relocalisation: Pros et Cons

Commençons par les avantages:

Pro: l'accès à la propriété.
Les habitants des bidonvilles sont pour la plus grande majorité en situation de squat. Le fait d'être relocalisés leur permet de régulariser leur situation et de devenir légalement les propriétaires de leur terrain et de leur maison.

Pro: les conditions hygiéniques.
Dans un site de relocalisation, chaque famille a accès à ses propres toilettes et douche.
Dans un bidonville, chacun fait ses besoins et sa toilette dans la rue, avec tout ce que cela implique comme manque d'intimité et problèmes sanitaires.

Pro: un environnement plus sain pour les enfants.
Les sites de relocalisation, étant souvent situés en dehors de Metro Manila, ont souvent un environnement naturel beaucoup moins pollué et avec bien plus d'espace et de verdure que les cloaques surpeuplés que sont les bidonvilles. Vivre dans le bidonville de Payatas, au pied de la montagne d'ordures, c'était littéralement vivre dans les poubelles.
Le manque d'espace faisait que les enfants partaient jouer sur la route, et plusieurs enfants s'étaient déjà fait renverser.
C'était un espace de jeu extrêmement dangereux pour les enfants, et notamment pour les plus jeunes et les plus faibles.(Cf l'article sur la "chasse au butete")
Maintenant, c'est beaucoup mieux:





















Passons maintenant aux inconvénients:

Con: Accès aux soins.
Les sites sont très éloignés des centres d'urgence.
A cause du traffic, il faut 4 heures pour atteindre l'hôpital le plus proche.
En cas d'urgence, cela s'avérerait dramatique.
De même, il n'y a aucun médecin à moins d'une heure de route.
Quand un enfant tombe brusquement malade, les distances à parcourir ajoutées au manque de moyens rendent encore plus difficile la décision de consulter un spécialiste de santé.
Donner les soins de base et croiser les doigts pour que ce ne soit pas grave deviennent rapidement les dangereuses réactions habituelles.






  
  
  
  
  

  
  




  





  
  

  
  




Con: Arnaques et corruption.
D'autres sites de relocalisation n'ont pas eu la même chance que ce site-ci. L'agence gouvernementale en charge des sites de relocalisation , la NHA (National Housing Authority) n'a pas la capacité de développer tant de sites elle-même. Elle fait donc appel à des sous-traitants du secteur privé.

Pour chaque maison, la NHA paie  300 000 pesos  à un sous-traitant pour que ce dernier construise la maison, qui sera in fine remboursée 300 000 pesos par ses propriétaires au bout de 30 ans.
Sauf que le sous-traitant réduit la qualité des matériaux et du travail autant que faire se peut.
Pour ainsi garder tout l'argent qui n'aura pas été dépensé.

Parfois, cela va même plus loin. Le sous-traitant qui a empoché l'argent ne fait pas les travaux lui-même. Il engage à son tour un second sous-traitant, qui recevra bien moins que  les 300 000 pesos pour faire la maison. Le premier gardera donc la différence, et sans rien faire!

Un sous-traitant en bout de chaîne a avoué à combien revenait réellement une maison construite par lui: 40 000 pesos seulement!

Une maison que la famille relocalisée paiera 300 000 pesos!

C'est voler les pauvres, ni plus, ni moins.

Bien sûr, la qualité du travail est déplorable.
Fissures dans les murs après quelques semaines, prises électriques pas raccordées, toilettes qui n'évacuent pas...

Le vol ne se limite pas à la construction de la maison. Il y a aussi l'électricité.
Moi, je paie ce que je consomme. Comme vous. Normal quoi...
Cela me revient en gros à 250 pesos par mois (hé oui, moins de 5€ par mois!)

Mais certains pauvres, eux, n'ont pas cette chance. On leur refuse simplement l'accès à un compteur électrique.
Peu importe ce qu'ils consomment réellement, ils doivent payer un minimum de 500 pesos par mois. Bien sûr, ils ne consomment pas autant.
Après comparaison, je consomme bien plus d'électricité qu'eux. Et je paie moitié moins.

Pire, parfois, leur facture peut monter jusqu'à 2000 pesos. Sans justification, bien sûr, car pas de compteur.
Il s'avère que la pratique consiste à faire payer à quelqu'un les factures impayées de ses voisins. Sympathique, comme pratique, n'est-il pas?
"Ton voisin n'a pas payé, alors c'est toi qui paies à sa place!"

Bien sûr, les pauvres n'ont pas les moyens de payer de telles factures.

Bien sûr, en cas de non paiement, l'électricité est aussitôt coupée...

Ce genre de pratique ne se limite pas à certains sites de relocalisation.
Des amis qui vivent dans un bidonville de Manille m'ont confié que c'était pareil pour eux.


Con: manque de perspectives d'emploi.
C'est de loin la plus grande angoisse des résidents relocalisés.
Avant la relocalisation, ils avaient un travail et parvenaient à subvenir aux besoins de leur famille.
Mais maintenant, ils sont trop loin de leur ancien lieu de travail.
De plus, sur le même site, ils ne sont pas deux ou trois personnes dans la même situation, mais des centaines, voire des milliers.

Certains souhaiteraient démarrer un petit commerce, mais ils n'ont aucun capital pour commencer.

Ceux qui arrivent à démarrer un petit quelque chose rentrent aussitôt en compétition avec leurs voisins. La demande locale, à cause des finances restreintes, ne se limite qu'à certains produits. Par conséquent, l'offre se limite à ces mêmes produits et tous rentrent en compétition les uns les autres pour arracher une part d'un bénéfice déjà maigre.

D'autres gardent leur ancien emploi et font le long trajet tous les jours. Ils doivent retrancher de leur salaire déjà maigre le coût du  transport supplémentaire. Sans compter les heures perdues dans le traffic.

D'autres encore gardent leur ancien emploi et décident de ne pas rentrer pas à la maison le soir. Ils restent dormir sur ou près de leur lieu de travail, c'est-à-dire dans la rue. Ils ne reviennent dans leur famille qu'un ou deux jours par semaine.
Dormir dans la rue et loin de sa famille...
Sacrifier sa santé et sacrifier ses liens familiaux.
Pour une sortie du tunnel bien hypothétique au bout de 30 longues années de paiement.
Le jeu en vaut-il la chandelle?

Certains font le choix que non, et ils repartent vivre avec leur famille dans les bidonvilles urbains, au grand damn des autorités qui les considèrent en général comme des ingrats.


Con: clusion! 
L'ampleur sans précédent du processus de relocalisation me conduit à penser que:

- soit les autorités philippines ont la lucidité de développer drastiquement l'offre d'emploi dans ces zones péri-urbaines, par exemple en encourageant l'implantation d'usines ou de toute autre activité accessible à cette main d'oeuvre, certes non qualifiée, mais qui ne demande qu'à travailler honnêtement pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille.
Ce serait un scénario "Gagnants/Gagnants".

- soit il n'y aura aucune action en ce sens, ce qui laissera à penser que la relocalisation n'aura en fait été qu'une relégation sociale sous couvert d'"aide aux pauvres".
Avec à la clé une ghettoïsation de ces zones sur le modèle des banlieues en France, avec montée du chômage dans un premier temps, puis de la délinquance et de la consommation de drogues dans un second temps, avec en parallèle un exode des relocalisés vers de nouveaux bidonvilles près des zones de réelle activité économique, au grand damn des habitants de ces zones et des autorités.
 Ce serait un scénario "Perdants/Perdants".

Moi, perso, allez savoir pourquoi, j'préfère le premier...




Relocalisation

Le terme anglais "relocation" (relocalisation) signifie ici le déplacement organisé par le gouvernement des pauvres des bidonvilles vers de nouvelles zones d'habitation créées pour eux, le plus souvent dans des zones péri-urbaines.
C'est un phénomène en développement dans les pays en développement.
(Haha! Vous ne l'avez pas vu venir, ce développement!)

De plus en plus de bidonvilles sont détruits (parfois de gré, parfois de force).
Ce fut de gré pour le bidonville de mes anciens élèves, à Payatas:

Avant cette destruction (pour en faire un parking), les occupants se sont vu proposer par une agence gouvernementale (la NHA)  de devenir propriétaires d'une maisonnette dans un site de relocalisation.
Ces sites peuvent être plus ou moins proches suivant les situations.
Chaque famille se voit offrir le choix entre soit accepter l'offre de relocalisation, soit empocher la somme de 10 000 pesos (180€) pour solde de tout compte.


Certains sites sont sur le territoire de la même agglomération. Ainsi, à Quezon City, ce sont les nombreuses  "Bistekvilles", nommés à partir de "Bistek", surnom du maire de Quezon City de l'époque (de 2010 à 2019):


Chaque famille y paie des mensualités (en moyenne 1800php = 30€/mois) et deviendra propriétaire au bout d'une trentaine d'années.

Mais ces montants sont bien au-delà des moyens des familles les plus pauvres, dont mes amis et mes élèves font partie.
D'autres sites de relocalisation sont créés pour ces familles, en dehors de Metro Manila, où le prix du terrain est nettement plus bas.
Dans leur cas, le site de relocalisation se situe 10 km au-delà de Payatas, en dehors de Metro Manila (alors que Payatas se situe encore dans Metro Manila). Il s'agit de Southville 8:



Voici la carte des Southvilles actuels (de Southville 1 à  Southville 8):


On remarquera que, contrairement à son nom, notre Southville 8 n'est pas au Sud.
C'est simplement parce que les zones au sud de Metro Manila arrivent à saturation: trop de familles pauvres aux mêmes endroits et pas assez de perspectives économiques.
Du coup, d'une part, les communautés locales se plaignent et d'autre part, de nombreuses familles bénéficiaires abandonnent les maisons, remontent sur Metro Manila pour reprendre un emploi...
Et retourner vivre en bidonville...

Les sites de relocalisation sont très nombreux et ne se limitent pas à ces  "Bistekvilles " et à ces "Southvilles".
C'est un processus qui ne fera que s'amplifier dans les années à venir et dont les enjeux sont bien plus considérables que ce qu'on pourrait penser de prime abord.

Mais pour l'heure, revenons à notre situation, où le gouvernement a plutôt bien fait les choses, avec une visite préalable du site et un car affrété par la municipalité de Quezon City:



La communication avec les familles fut également satisfaisante, avec des réunions d'information régulières.
Il est important de dénoncer quand ça se passe mal (le "poor-bashing" n'est pas rare aux Philippines), et DONC, il est aussi important de signaler quand ça se passe BIEN!
Ici, il y a eu un réel effort pour accompagner les familles.
Et, pour l'instant, pas d'entourloupes flagrantes à signaler...

Voici l'intérieur d'une maison:


Les familles n'ont pas de loyer à payer pendant la première année, ce qui est bienvenu car beaucoup ont besoin de retrouver un emploi suite à l'éloignement de leur lieu de travail précédent.
La seconde année, le loyer mensuel sera de 800php (14€), et ce pendant 30 ans.
Le coût de la maison sera donc grosso modo de 300 000php (5000€).
Chaque maison a l'électricité (avec compteur électrique individuel), des toilettes et l'eau courante.


En ce qui concerne ce site, il semble que les engagements de l'Etat ont été tenus, même si, dernièrement, les coupures de courant ont été assez fréquentes et perturbent le développement de l'activité économique... ainsi que mes séances de ciné!



D'autres sites proches n'ont pas eu la même fortune que ce site-ci.
Je reviendrai là-dessus dans un article ultérieur sur les PROs et les CONs de la relocalisation.