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lundi 8 février 2016

C'est la crise!

Pourquoi consacrer du temps et de l'argent pour des gens qui se trouvent à l'autre bout du monde ?
 Il a déjà bien à faire en France en ces temps de crise !
Bonne remarque.

 En ces temps de crise, il y a des choix à faire, souvent douloureux.
La plupart d'entre nous font profil bas, se replient sur eux-mêmes et sur leur entourage proche pour se préserver.
Budgets serrés, économies de bouts de chandelle, loisirs sacrifiés, fins de mois difficiles, peur du lendemain...
Certains, même, s'égarent, pensent trouver la solution à leurs problèmes dans le rejet de l'autre.
Il suffit de jeter un coup d'œil à l'actualité... Vu de l'étranger, avec plus de recul, la dérive est encore plus flagrante.
La question n'est pas ici de savoir qui a raison et qui a tort. C'est un débat sans fin, car l'Histoire l'a bien montré : de tous temps, les mêmes causes ont entraîné les mêmes conséquences.
 La question essentielle est : peut-on être heureux en ces temps de crise ?
La personne qui déverse son désespoir ou sa haine sur les autres, est-elle heureuse ?
Celle qui prend sur elle-même et qui s'emprisonne dans les restrictions, l'est-elle aussi ?

Qu'est-ce qui est essentiel, qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Vous avez peut-être parfois le sentiment que votre vie ne vaut plus grand-chose...
Alors, sachez qu'ici, la vie de ces enfants a réellement peu de valeur.
Abandonnés, battus, violés, emprisonnés, affamés, leur courte vie est déjà une succession d'horreurs qui feraient frémir chacun d'entre nous.
Ce ne sont pas des grandes phrases que je vous sors là, c'est ma réalité quotidienne. Plus j'en apprends sur le passé de nos petits protégés, plus je suis atterré.
Difficile d'imaginer l'inimaginable...

Alors, j'aurais envie de dire à tous ceux qui pensent que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue : « Prenez un billet pour la vie ! »
Osez venir ici et vous verrez une... Non... Des dizaines, des centaines de raisons qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.
Toutes ces petites raisons dont les yeux s'illuminent de bonheur à l'instant où vous leur faites un petit sourire, ou quand vous osez prendre les petites mains qu'ils vous tendent.
Qu'on se le dise, je serais prêt à rembourser le billet de celui qui se sentirait toujours inutile après avoir connu ça !
Nombreux sont ceux qui ont osé franchir le pas et qui ont ressenti cet étrange paradoxe : faire tant de chemin pour sauver des enfants, et finalement, ce sont eux qui vous sauvent !
Ces enfants sont les rayons de soleil qui illuminent notre nuit.
Ils sont le meilleur remède contre la crise.


Car en sauvant leur vie, on donne un sens à la nôtre.

3 commentaires:

  1. Cher Olivier votre article « c’est la crise » tape juste, une tape toute en tendresse insistante. Elle va droit au but : le cœur. C’est votre cœur qui parle et c’est le cœur du lecteur qui s’émeut et s’enflamme. Votre blog est d’une grande richesse d’amour et d’espérance. Un merci chaleureux et amicale de partager aussi votre expérience et votre joie d’aider ces enfants.

    Comme dit dans un précédent commentaire sur votre blog, je suis président d’une petite association relais de la fondation ERDA créée en 1974 à Manille par le Père Pierre Tritz. L’élan du cœur qui inspire amour du prochain et compassion s’y étiole depuis le décès du Père Tritz. (Le siège de l’association est au 66 Linaw Street à Quezon City. ERDA Fdn est présent à Bagong Silangan, un barangay qui jouxte Payatas).
    Je suis en train de préparer notre bulletin de février. Il ya aura un article sur la compassion, l’amour du prochain en action. Comme l’écrit André Comte Sponville « A l’ opposé de la pitié qui s’éprouve de haut en bas, la compassion est un sentiment horizontal : elle n’a de sens qu’entre égaux, ou plutôt, et mieux, elle réalise cette égalité entre celui qui souffre et celui, à côté de lui et dès lors sur le même plan, qui partage sa souffrance ." Je le cite dans mon édito que je vous joins
    Tout votre blog illustre son propos de façon magnifique. Comme vous l’écrivez avec une grande justesse de cœur : nous croyons sauver des enfants et ce sont eux qui nous sauvent de la désespérance.
    En France, c’est l’ébullition des Gilets Jaunes qui est en train de cliver les gens c’est une réaction contre une injustice grandissante bien qu’elle ne soit qu’un pâle reflet de l’injustice subie par les peuples des pays du sud. L’édito tente d’amorcer une réflexion sur les conséquences de l’injustice avilissante qui réduit une partie, parfois une majorité d’un peuple à la misère. Et dire que la violence répondant à la violence c’est assurer la victoire aux plus forts.
    La seule réponse authentique est celle que vous et votre association faite vivre à Payatas : la compassion qui sème la joie et illumine d’espérance les regards et les visages souriants de vos petits protégés.

    Je vous serais très reconnaissant si vous nous autorisez à publier votre article e c’est la crise »

    Très amicalement

    Camille GUBELMANN

    Lien de notre site : https://enfants-de-manille.net/home.php

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    1. Bonjour Camille, désolé de ma réponse très tardive. N'ayant plus accès à internet sur mon poste de travail à Manille, je n'ai pas jeté un oeil à mon blog depuis des mois. Je vais jeter un oeil à votre site tout de suite. Et pourquoi pas passer dire un bonjour du côté de Bagong Silangan à l'occasion. Et bien sûr, je vous autorise à publier mon article, même si c'est bien trop tard...

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  2. L’édito du bulletin de février 2019

    Les habitants des bidonvilles, et plus encore les « street families » qui survivent dans la rue ou dans d’infâmes abris, sont victimes d’une violence invisible, violence qui échappe au regard ordinaire. A la fois insidieuse et révoltante, cette violence quand elle perdure, mine la santé de ceux qui la subissent et abîme leur vie. C’est la violence de l’injustice. Quand il n’y est pas mis fin, elle produit la misère, cet accablement qui prive individus, familles, communautés de l’essentiel, d’une vie décente. L’individu peu à peu se délite et les liens qui unissent les membres d’une communauté se dissolvent dans le repli sur soi et l’apathie. Y subsiste une solidarité négative comme dernier rempart contre l’effondrement de la cohésion sociale ; elle rassemble en un élan de protestation et parfois de colère longtemps contenu les individus victimes d’injustices sans cesse répétées. En réponse, quand cette colère éclate et que les victimes de l’injustice tentent de se libérer de cette camisole de violence, par une violence en retour, nous sommes frappés d’étonnement.
    Les inégalités de richesses et de revenus dans les pays du Sud sont énormes ; la protection sociale n’existe guère ou pas. Les plus pauvres privés même de la portion congrue ne survivent que grâce aux jobs informels, au trafic de drogue et à ses consommateurs, au vol, à la prostitution. La violence y est contagieuse. Aux Philippines, l’actuelle guerre contre la drogue instaurée par le Président Duterte en une triste illustration. La police, assistée par des commandos de la mort, emprisonne parfois sans preuve de culpabilité, et tue sans considération des causes qui sont à l’origine de ces trafics. Les groupes de défense des droits humains estiment que près de 20 000 personnes dont 5000 par la police, ont été tuées dans la traque des trafiquants et même des simples consommateurs. Réprimer la violence résurgente de l’injustice par une violence encore plus grande est une spirale infernale, une guerre permanente, larvée ou ouverte. Une voie sans issue. Le Père Tritz en avait conscience. « Nul ne peut construire une société pacifique dans un contexte où la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté » ajoutant « on ne pourra plus pendant longtemps faire cohabiter sur la planète gaspillage et famine, prospérité éhontée et misère, et quand les sans logis, les affamés se mettront en route, qui les arrêtera ? »
    Il ne faut pourtant que peu de choses pour rendre aux plus démunis, accablés par la misère, leur dignité. L’essentiel pour vivre en sécurité est d’être nourri, vêtu, logé décemment. Dans un article paru dans Courrier International il est dit : « Une fois assuré le minimum, le confort matériel a très peu d'incidence sur le bonheur ou la satisfaction personnelle. »
    L’alternative pour briser le fil de la violence afin de garantir une vie décente à chacun est la compassion, l’amour du prochain en action. "A l’opposé de la pitié qui s’éprouve de haut en bas, la compassion est un sentiment horizontal : elle n’a de sens qu’entre égaux, ou plutôt, et mieux, elle réalise cette égalité entre celui qui souffre et celui, à côté de lui et dès lors sur le même plan, qui partage sa souffrance ."
    Notre engagement au service d’autrui donne sens à notre vie. Selon le psychologue Martin Seligman « la vie qui a un sens, consiste à mettre ses compétences au service d'une cause plus grande que ses seuls intérêts personnels »
    Camille Gubelmann



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